• Communiqué de presse

      

      

      

     

    L'exposition Icare est une tentative de mettre en place une réflexion artistique sur l'actualité politique et sociale. Les images, les objets et les sons présentés sont autant de réalisations sensibles conceptualisées faisant état d'un sentiment critique d'impuissance de l'individu au sein d'un système global, une machine à mythes. On y questionne l'image en tant que véhicule communicatif efficace, authentique et omniprésent, le récit en tant que créateur de vérités, lisière entre fiction et réalité.

     

    Adeline Carrion-Reyna propose une lecture grotesque du portrait de pouvoir. S'inscrivant dans la lignée d’un genre codifié des portraits peints royaux, princiers et ecclésiastiques, elle peint à l'huile ceux de PDGs des plus puissants groupes financiers actuels. Ainsi questionne-t-elle la notion de valeur, d'honneur, du lien entre les traces historiques et artistiques que nous avons du pouvoir, tout en mettant l'accent sur une technique de création d'images publiques obsolètes.

     

    Pour cette exposition, Matthieu Crimersmois travaille autour de stratégies. Qu'elles soient militaires, de marketing ou bien de jeux de société, il se saisit de la méthode impressionniste, tentant de montrer ce qui est fugace pour mettre en image et en son des statistiques constatant l'état chaotique et hypersensible de notre quotidien économique et politique.

     

    L'œuvre de Lise-Adèle Groussin, s'appuie sur l'une des formes classiques de représentation d'hommes de pouvoir à travers le portrait sculpté. Ses visages blancs ont un lien avec l'Antiquité hellénistique. Ce sont à la fois des visages très humains et des caricatures. Couverts en partie par des masques transparents, ils sont lointains et proches à la fois. Il y est question de l'univers interne de l'individu et de vie publique, de protection, de rapports entre les individus et les groupes. On y détecte à la fois l'impossibilité d'une neutralité objective et l'anonymat de la personne publique.

     

    A la fois grave et drôle, le travail que Charlotte Hardy a effectué reprend l'image officielle du chef d’état tout en effaçant sa présence. Cet espace vide devient un espace de projection pour le spectateur : rêves ou cauchemars peuvent s'y imbriquer. L'artiste confronte cette façade communicative glacée et inhabitée avec des dessins qui détiennent en eux la potentialité de mise en mouvement. Elle anime des dessins d'un homme politique anonyme qui tombe et, tel un chat, atterrit solidement sur ses pieds, soulignant ainsi l'aspect cocasse de la situation.

    A travers les œuvres montrées dans cette exposition, Romain Pradaut, invité par le collectif Rhézome, indique les liens possibles entre l'art, l'image communicative, et la création d'une mythologie personnelle. Son travail autobiographique permet l'autofiction indiquant la nature ouverte et subjective aussi bien de " l'écriture " que de la lecture d'une œuvre.

     Maureen Ragoucy propose une édition sur la question de la survie de l'individu à travers le mythe de l’Eldorado. «Partir à l’aventure» au Sénégal signifie voyager par voies terrestre ou maritime dans l’espoir d’atteindre les frontières européennes. Le voyage devient alors une aventure risquée où les migrants en viennent à s’interroger sur leur destinée. «Barça mba barzakh?» («Barcelone ou la mort?») est le cri de ralliement lancé par les Sénégalais qui tentent de rejoindre l’Espagne.

     L’installation de Camille Simony interroge le statut du super héros à travers l’objet jouet, faisant ainsi référence au mythe d’Icare que les ailes de cire, brûlées par le soleil, entraînent à sa perte. A la fois représentatif de cette volonté naissante d’atteindre des sommets et d’engendrer une possible chute, le jouet nous renvoie à notre condition d’être humain : ses rêves, ses possibilités, ses limites.

     Textes de Sandra ernjul