• Textes exotikos

     

    Matthieu Crimersmois, Stella Markidi

    Installation, photo, dessin, vidéo-projection, 2012

    Nous proposons de partir de l’étymologie du mot Exôtikos de manière caricaturale ou du moins de jouer avec la première idée que ce font les occidentaux de l’exotisme. Pour cela les dessins de Stella Markidi sont répétitifs et soulignent de manière enfantine, sarcastique et symbolique, cette idée primitive de l’exotisme dans la conscience collective. Les photographies de Matthieu montrent quant à elles, une technique populaire de transformation de panorama de paysages laissant le spectateur s’imaginer des mondes autonomes suggérant des « portraits » de paysage.

    Ces deux travaux communiquent avec la vidéo qui tente d’inverser le point de vue de l’exotisme occidental vers un point de vue sur la vie quotidienne, le temps, l’espace avec une légère atmosphère sociologique et politique.

     

    Lydia Palais

    Le père, la mère, la fille

    triptyque 1.43O X 870, écran à Led, tirages Diasec,

    Extrait Blonde Venus de Joseph von Sternberg, Marlène Dietrich sings HOT VOODOO !, photographies, technique Light painting et montage type projectif. Chercheur et créateur d’oeuvres multi sensorielles où la lumière est le medium directeur, Lydia Palais a fait de nombreux séjours à Haïti où elle découvre toute à la fois une société post-coloniale, le vodoo, et le fameux exotisme-érotisme qui en découle, et qui inspirera en 2008 l’installation Le continent noir n’est pas noir dans les jardins de l’Institut Français. Avec le père, la mère, la fille, elle développe les mêmes thématiques à travers le prisme particulier de l’exotisme et de « l’exotic dance », phénomène né en Europe à la fin du XIXe siècle (cf. exposition universelle de 1889).

     

    L‘artiste a choisi d’utiliser l’extrait vidéo du film Blonde Vénus  où Marlène Dietrich, archétype de la femme fatale, « la mère », chante Hot Voodoo ! parfaite illustration de l’Exotik/Erotik, utilisant le stéréotype pour le « transgresser ». À droite de la vidéo, la figure de la « petite fille », tout droit sortie de l’imaginaire Manga, est l’image figée d’un érotisme venant lui aussi d’Ailleurs afin que la domination puisse s’exercer, et assimilable au tourisme sexuel, qui permet à l’homme occidental d’assouvir facilement ses pulsions… À gauche, la figure du père, incarnée par le Minotaure, Dieu mi-homme, mi-taureau, archétype monstrueux de celui qui dévore des vierges, révèle un phallus tout puissant.

    Ce triptyque reliant mythe, mystique et construction dès les origines de « l’objet érotique » au travers du regard de l’homme occidental, utilise le langage et les codes de ce dernier, si bien encrés à travers des siècles de culture patriarcale et de religion pour les contourner, les dénoncer, et pourquoi pas, tenter de les dépasser. (Texte de Teresa Pinto de Oliveira).

     

    Charlotte Hardy

    Née le 21/04/1982, diplômée des Beaux Arts de Nantes, vit et travaille à Paris.

    Est exotique ce qui est hors de nous, c’est aussi tout ce que je ne suis pas. Tout est question d’individu et de point de vue, ce qui sera exotique pour une personne ne le sera pas pour une autre. Il n’y a pas une vérité de ce qu’est exotisme, mais des vérités. Pour ma part cela commence derrière ma porte, avec l’autre proche. Et le premier rapport à l’autre se fait par le corps.

     

    Blao/Naranja

    Photographies couleur, 90x60 cm, 2012

    Deux photographies d’une jeune femme à la peau orange, l’autre bleu, elles montrent par ce léger décalage, un aspect étrange et absurde, faisant un écho aux comics américains, ou autre avatar. Semblable est différent à la fois nous renvoyant à nous-même. Cette différence nous rassure car on peut se distinguer d’elle, et nous inquiète car elle représente l’inconnu teinté d’un sentiment d’étrangeté pouvant susciter le rire.

     Ici

    Installation, duvet, perruque, grillage, carton plume, 2012

    Installation d’un simulacre de sdf. À première vu c’est une scène familière, cartons, duvet, pigeons…Un sdf a « élu domicile » dans la salle d’exposition, tout le paradoxe est là. Il change de contexte, en un lieu où il n’est jamais associé, dont il est ordinairement étranger. Un sdf à l’intérieur entouré de pigeons.

      

    Lise-Adèle Groussin

    Née le 19/06/1982, vit et travaille sur Paris après avoir reçu une formation aux Beaux Arts de Nantes.

    La peau des choses, ce qui recouvre est la clé de voûte de mon travail qui prend forme au travers d’installations. Il est souvent question de changement d’état, de transformation.

    « Je ne vis pas de grandes aventures sur des terres inconnues alors je fabrique les trésors que j’aurais voulu y découvrir. Je suis une aventurière imaginaire. Mon exotisme est un fantasme. »

     Méduse

    Je voulais réinterpréter le mythe de Méduse. L’histoire d’une belle jeune fille dont Poséidon s’éprend. Elle est séduite par le dieu dans un temple dédié à Athéna. La déesse punit Méduse et la transforme en Gorgone. Ses cheveux deviennent des serpents et son regard pétrifie tous ceux qui le croisent. À la demande de Polydecte, Persée la décapite en lui renvoyant son image par le reflet de son bouclier.

    Méduse c’est le mythe de la fascination. Par sa laideur, elle attire le regard, mais celui qui la fixe ne peut plus s’en détacher. C’est une interrogation pour certaines passions qui nous font courir à notre perte. Mais celui qui comme Persée sait s’en servir, alors il devient le maître. Je me suis inspirée des matériaux et des représentations de Méduse sur les mosaïques de Pompéi. Les surfaces de sol qu’elles soient issues de l’industrie ou de la nature restent pour mi des surfaces écrans.

    Peel off gently

    Ces poissons chimériques aux écailles éparses évoluent dans un environnement tragiquement absurde. Ces « nageurs de l’impossible » sont dans un moment transitoire, entre immersion et engloutissement. Les ouies, leurs nageoires ont disparu sous les écailles en bois. Tout ce qui pourrait leur permettre de reprendre leur souffle est obstrué. Cette colonie semble évoluer dans un cercle de terre évoquant un cycle ininterrompu.

     

    Maureen Ragoucy

    Née à Paris en 1984. Diplômée des Beaux Arts de Rennes en 2009. Je commence mes recherches sur l’identité et entreprends d’interviewer et photographier des inconnus dans les rues de Rennes. Mon travail se poursuit dans différentes villes en France, puis en Espagne. Alors étrangère, je rencontre bien plus étranger que moi. À Valence, le grand nombre d’immigrés latino-américains sans-papiers fait écho de manière inattendue à mon travail. Les rencontres se poursuivent au Mali, au Sénégal, en Ethiopie et au Brésil. Liant la notion d’exil à celle d’identité, les questions du déplacement et de la transmission se révèlent.

    Qui êtes-vous ? Quel est votre rêve ?

    Série de 30 photographies numériques accompagnée d’un dispositif sonore de 32 minutes réalisés au Mali et au Sénégal qui soulève ces questions. »

    « Se confronter à des individus étrangers nous fait prendre conscience des différentes perceptions de l’espace et du temps. Le contexte géographique s’avère important car il change la relation à l’autre en fonction des lieux. En France, je (en tant qu’interlocuteur) suis en terrain connu. Par contre, en Afrique, au Mali et au Sénégal un nouvel espace se construit, propre à la découverte d’éléments nouveaux et de comportements différents. Mon statut se transforme : je ne suis pas une inconnue dans un univers familier mais une étrangère dans un environnement nou¬veau, étrangère au lieu –à la ville, au pays– mais aussi à la culture. La manière de créer un lien et le regard que me portent les autres a changé et je dois m’adapter à ce nouveau contexte. Le mode de vie et l’appréciation du temps me sont étrangers. La temporalité étant différente, le rapport des individus au présent et au futur n’est pas le même. En Occident, l’individu est souvent poussé à se projeter dans le futur comme on le voit dans les rapports sociaux à travers l’engagement moral, familial, éthique ou économique. La société industrialisée nous engage à nous inter¬roger sur l’avenir. En Afrique, le futur ne peut qu’être envisagé à court terme, les besoins vitaux l’emportant sur toute réflexion à long terme. est une série de 30 photographies numériques accompagnées d’un dispositif sonore de 32 minutes réalisés au Mali et au Sénégal qui soulèvent ces questions. »

       

    Adeline Carrion Reyna

    Techo

    Dessins crayon 42x29,7 cm, 2012

    Cette série de dessins, vue de toits de "pueblo joven" de Lima, à l’image de ces habitations du Cerro de Pasco, en constante construction et destruction du fait d’un terrain sismique et mouvant, désertique.

    Conte de Manuel Yoplac Acosta

    Livret impression sur A4, 2012 Traduction Adeline et Darwin Carrion Reyna Il s’agit d’un conte pédagogique et écologique d’un professeur activiste péruvien de Chachapoyas. Ce conte en particulier traite du thème de la disparition d’une ville sous les effets d’une mine.

    Cerro de Pasco

    Huile et acrylique sur toile, 360 x 200 cm, 2012

    L’exotisme est une question de point de vue. Nous percevons quelque chose comme une chose exotique selon d’où on la regarde. L’exotisme pour les occidentaux, ce sont les tropiques, les pays du sud, le soleil, les fruits et les belles femmes. Il y a rarement de l’exotisme du point de vue du sud, car les pays du sud n’ont pas participé à la découverte du monde, n’ont pas profité du tourisme. Nous gardons de l’exotisme, une image positive, paradisiaque presque naïve. Mais l’exotisme fait partie aussi d’une part sombre de notre histoire, le désir d’exotisme mènera aussi à l’esclavage, le colonialisme, la racisme et aujourd’hui le post-colonialisme.

    Finalement les images exotiques semblent avoir exister pour nous cacher la réalité des actions occidentales entreprises dans le sud durant le colonialisme. Aujourd’hui il semble en être de même. Que savons-nous de l’Afrique si nous n’y sommes jamais allé, à part sa faune, sa flore, sa musique et sa danse? Que savons-nous du Pérou, à part qu’il y exitse le Machu Pichu, les Incas et les Lamas. C’est toujours cette image positive et infantile qui nous ait ramenée des pays que l’on continue de piller et d’exploiter. Les tours touristiques sont ultra organiser dans ces pays exotiques sous-prétexte d’un danger, d’une insécurité. De cette manière on ne passe jamais dans les régions reculé où sévissent la misère et l’exploitation. Les péruviens eux-même ne font pas le même tourisme que les occidentaux. L’exemple du Cerro de Pasco est marquant. Cerro de Pasco est la ville le plus haute du monde. Les péruviens la visite. Les touristes étrangers n’en entendent jamais parlé. Dans cette ville existe une mine, gérée dont les bénéfices s’envole vers les Etats-Unis. Il s’agir du plus grand gisement d’argent du monde. Ces dernières années, la mine a eu une production combinée entre l’extraction souterraine et l’extraction à ciel ouvert, à une hauteur totale de 3,34 millions de tonnes, réparties en 58 300 tonnes de plomb, 155 300 tonnes de zinc et 260 tonnes d’argent.

     

    La population actuelle est contaminée par ces métaux, ainsi que l’eau et la terre. Des mineurs vivent dans la rue, leur salaire ne suffisant pas. Chaque jour, la mine fait exploser des parties de la terre pour creuser davantage, les habitations s’écroulent (1180 habitations entrain de disparaitre), se détruisent au rythme de ces explosions quotidiennes. La mine s’agrandit plus chaque jour ainsi, la poulation et bientôt toute la ville va devoir se déplacer. La population n’a de l’eau que deux heures par jour. La région est une zone de non-droit, la mine rapportant beaucoup d’argent à l’état, l’état laisse la région aux mains des entrepeneurs, laissant place à tout type de trafics (prostitutions, drogue, corruption). La terre qui se creuse, le monde que l’on détruit pour construire le pays, la destructions des habitation à l’image de la destructions des corps des habitants qui sont en sans cesse reconstruction sur les ruines qui s’accumulent quotidiennement est le centre de mon travail.

     

    Camille Simony

    Née en 1985, en région parisienne, Camille Simony est diplômée des Beaux-Arts de Nantes en 2009. Aujourd’hui, elle vit et travaille à Paris.

    Sa démarche artistique prends différentes formes, aussi bien la sculpture, l’installation, que la photo ou la vidéo. Elle questionne autant l’apparence humaine (sa culture, son origine, ses émotions), que l’apparence des objets quotidiens (leur signification, leur symbolique). Ses recherches s’inspirent d’histoires réelles à l’aspect documentaire (interviews, rencontres) où chacun se crée sa propre fiction, ou au contraire d’histoires fictives (mythes, légendes, récits, contes) qui prennent une forme palpable et deviennent réalité.

    TAXI LIGHTS

    Installation de lumières de taxi, bande sonore, 2012

     

    Les lumières de la ville ont un effet captivant, hypnotisant. Phares, reflets, enseignes, lampadaires colorent ce paysage nocturne.Taxi Lights, est cette lumière, qui incarne la présence de ces nomades de la ville. Elle indique leur disponibilité à accueillir un passager dans cette bulle métallique, offrant à celui-ci la possibilité d’un voyage, d’une rencontre...

    Cette installation au sol propose un regard sur la ville : un regard surplombant, dominant, qui offre une nouvelle perception à une autre échelle. Ainsi les habituels acteurs urbains que nous sommes, deviennent spectateurs d’une activité nocturne imaginaire. Qu’il soit physique ou mental, le voyage est l’aboutissement de projections, d’idées, d’illusions que l’on se fait de l’Ailleurs. Une langue, une musique, une odeur, ces éléments enrichissent nos images mentales. Ces représentations utopiques se concrétisent, se confrontent à la réalité. Le voyage commence dans le désir de partir, se matérialise dans sa réalisation.

    Le train, l’avion, la taxi sont des espaces « entre - deux », entre le rêve et la réalité, entre l’Ici et l’Ailleurs : « plus dans l’endroit quitté, pas encore dans l’endroit convoité. Flottant, vaguement relié à deux bornes, dans un état d’apesanteur spatiale et temporelle, culturel et sociale (...) on vient de, on va vers, on accumule les kilomètres qui nous séparent de chez soi, on réduit ceux qui nous rapprochent de l‘autre... » Michel Onfray, Théorie du voyage

    Cette installation est un voyage physique au coeur de la ville et des éléments qui s’y déplacent.

     

    365 jours

    Céramique, perles, 2012

    La grenade est un fruit précieux que l’on trouvait à l’origine en Asie centrale. Elle « alimente » les recueils religieux, la peinture, les légendes et les mythologies du monde. C’est un fruit béni, symbole de charité, de don, de fécondité, de multiplicité.

    365 jours, trouve son origine d’après une légende arménienne. Elle raconte que chaque grenade contient « 365 grains, un grain par jour, pour ne pas mourir de faim ». Les grains sont représentés ici par des perles, des pierres précieuses à l’image du trésor qu’elles représentent. La grenade n’est pas seulement un fruit, c’est aussi un voyage de saveur, un voyage visuel, un voyage vers l’essence d’un pays, ses traditions, sa culture.

    Cette sculpture est un voyage au travers d’un fruit et de sa légende.

      


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